Bétonisation : avant d’aller dans le mur, s’arrêter et réfléchir ?

La métropolisation, moteur de l’artificialisation des sols, et de ses dégâts

En 2022, une discrète modification du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) avait rendu constructible 70 ha de terres agricoles. En 2024, rebelote : la Métropole voudrait à nouveau ouvrir à l’urbanisation entre 80 et 100 hectares d’espaces naturels ou agricoles, par une nouvelle modification (n°2) du PLUI.
Les dommages irrémédiables de l’artificialisation sont pourtant désormais bien connus, et très sensibles sur nos territoires :

  • diminution de capacité de production alimentaire et de biomasse ;
  • dégradation des habitats et effondrement de la biodiversité ;
  • dérèglement du cycle de l’eau (les sols en bonne santé jouant un rôle de tampon vis-à-vis des excès comme des manques d’eau) ;
  • épuisement du potentiel de séquestration de carbone et de régulation thermique.

La perte en surface de terres vivantes et la destruction de ces fonctions écosystémiques des sols sont irréparables. La compensation n’existe pas.

Et de manière plus générale, c’est le modèle d’aménagement du territoire – qu’on subit depuis des décennies – qui est à revoir. La métropolisation pose problème à toustes :

  1. aux métropolitain·es qui voient le logement renchérir, les pollutions et nuisances augmenter, leur qualité de vie se dégrader… et qui sont toujours repoussé·es plus loin des centres ;
  2. aux Breton·nes qui voient leurs territoires ruraux se vider, les services publics et les emplois disparaître, la santé s’éloigner, leur dépendance à la voiture s’accroître…

Et la métropolisation est loin d’être un phénomène naturel. Si la pression des privés (promoteurs, “grands” employeurs, etc.) est indéniable, la métropolisation est un ensemble de choix politiques : maîtrise de l’urbanisation, production de logements, localisation des emplois, des équipements, des services publics, et même offre culturelle.
L’hypermétropolisation n’est donc pas inéluctable et pourrait être infléchie et corrigée par des choix politiques en réponse à la problématique créée artificiellement.

De plus, si l’artificialisation des sols se fait en partie à bas bruit, via une multitude de projets privés – toutefois permis par la réglementation locale décidée par les élu·es – elle provient également de grands projets d’initiative publique ! C’est le cas par exemple de la zone d’activités du Hil à Noyal-Châtillon (au cœur de la fameuse « ceinture verte »), pourrait être agrandie de 15 ou 17 ha cette année avec la modification du PLUI, alors que le parc d’activité fait déjà une quarantaine d’hectares et pourrait être plus densément occupé ! C’est le cas aussi du quartier ViaSilva (Cesson-Sévigné et Thorigné Fouillard), présentée à grands coups de greenwashing comme une éco-cité alors qu’il vient dévorer des centaines d’hectares de terres agricoles.

Ménageons le territoire !

Si la construction d’un nouveau modèle d’aménagement du territoire doit se faire à l’échelle régionale (en particulier pour réinvestir les territoires ruraux, qui offrent un terreau fertile pour la rupture écologique indispensable, par leur fort potentiel de logements disponibles, de production alimentaire soutenable, de densité d’emploi, de qualité de vie, etc.), la Métropole de Rennes à un rôle central à jouer, en reconnaissant l’impasse dans laquelle nous sommes, et en impulsant un changement de logiciel. Cela doit commencer par stopper la folle machine de l’extension urbaine.

La Métropole met chaque jour en avant son soutien à l’agriculture locale. Pourtant, en multipliant les ouvertures à l’urbanisation, elle prive les paysans de leur principal outil de travail : la terre ! Comment peut-on produire localement sans sol fertile ? La Métropole donne d’un côté et reprend de l’autre.

La terre agricole ne doit plus être une réserve de foncier pour la Métropole. Nous réclamons qu’aucune ouverte à l’urbanisation ne se fasse sur des terres fertiles et pleines de biodiversité ! À la place, nous demandons à ce que les sols déjà artificialisés soient réinvestis tels que les friches urbaines, industrielles et les logements vacants.

De plus, comme tous les territoires, la Métropole doit désormais respecter le cadre du « zéro artificialisation nette » fixé par la loi. Le « droit à artificialiser » de la métropole pour la période 2021-2031 (probablement de l’ordre de 500ha) ne doit donc servir qu’à des projets d’intérêt général, et un modèle soutenable d’aménagement du territoire.

Or en 2024, la Métropole modifie à nouveau le PLUI pour ouvrir à l’urbanisation 80 à 100 hectares supplémentaires, et permettre ainsi la bétonisation d’autant de terres aujourd’hui très majoritairement cultivées.

Ca se passe maintenant. Après une consultation préalable en début d’année, la Métropole travaille en ce moment à ajuster son projet avec les élu.es des communes. Et une enquête publique aura lieu probablement en fin d’année.

Soyez prêt.es, suivez-nous pour plus d’informations, et rejoignez-nous pour nos prochaines actions !!!

Vous trouverez plus de détails sur nos constats, nos propositions et notre vision d’un (a)ménagement du territoire soutenable dans :

– la contribution que nous avons déposée dans le cadre de la consultation préalable organisée en début d’année 2024 :

– notre intervention au conseil métropolitain de décembre 2022 :