Le One Planet Summit [1] qui s’est tenu le 11 janvier dernier, est un événement annuel organisé conjointement par la France, les Nations unies et la Banque mondiale.
Les objectifs affichés sont très clairs :
- lutter contre le réchauffement climatique,
- élaborer des stratégies d’action communes,
- travailler ensemble pour restreindre l’impact de notre mode de vie humain sur la biodiversité.
Avec une grande thématique abordée chaque année, la préservation de la biodiversité pour l’édition 2021, il est temps de se demander la pertinence de cet événement et le réel suivi des intentions exprimées par les participant.es.
Comme la plupart des événements de ce genre (COP, Grenelle, etc.), la conclusion est souvent un manque d’actions concrètes, chiffrées et suivies. Par exemple, pour la baisse des gaz à effet de serre en France, la baisse des émissions s’est traduite par une augmentation des inégalités : les émissions annuelles des 50 % les plus pauvres ont baissé de 24 %, celles des 40 % de « revenus moyens » de 13 % alors que les émissions des 10 % les plus riches ont augmenté de 3 %, et celles des 1 % les plus riches de 5 % (rapport d’OXFAM 2021 [2]). Aussi, selon le Réseau Action Climat [3], une grande majorité des initiatives portées par le sommet (68 %) ne communique absolument pas sur son système de suivi et donc sur ses résultats.
Le système de gouvernance est lui aussi a critiquer avec 46 % des coalitions (Global Climate Action Portal, Climate Initiative Platform et bien sûr le site du One Planet Summit), qui font preuve d’une gouvernance insuffisante. Cela signifie, par exemple, qu’une coalition va expliquer sur les plateformes comment son secrétariat fonctionne, mais ne va pas préciser comment la prise de décision est organisée au sein de ses membres. De plus, 19 % des coalitions ne communiquent aucune information sur leur système de gouvernance. Il y a donc une large majorité de coalitions qui ne sont pas assez, voire pas du tout transparentes sur leur fonctionnement. Cela pose question : comment les citoyen.ne.s peuvent vérifier les résultats, les modes d’actions – et s’assurer de l’efficacité concrète du sommet ?
Des concepts néo-libéraux ont été introduits par la conférence comme des moyens d’action pour la protection de la biodiversité. Par exemple, la privatisation de la nature est un sujet en vogue lors des dernières éditions. Il s’agit de renforcer la puissance de la finance et son emprise sur la nature pour protéger cette dernière. Il est, selon certain.ne.s spécialistes libéraux, plus pragmatiques et facile de protéger quelque chose ayant un prix réel (une forêt, une espèce, etc.) et fixer un prix à la nature semble une solution rationnelle à ce problème — évidemment au détriment des populations : déplacements induits par une privatisation de certains espaces/épuisement des ressources au détriment d’autres selon le prix donné par des financiers à certains éléments plutôt que d’autre,etc… Cette vision capitaliste de notre environnement nie l’aspect ensembliste de la nature et les interdépendances complexes entre tous ses éléments, et nie également le fait que nous faisons partie de la nature : nous ne possédons pas la nature, et cela semble dur à avaler pour tous les boursicoteurs libéraux qui prennent part à cette grand-messe annuelle.
Il est donc grand temps que ces coalitions soient :
- ouvertes sur leur méthode de prise de décision
- ambitieuses dans leurs prises de position concrètes
- rigoureuses et transparentes dans leurs méthodes de suivies des engagements
Le rôle des militant.es est plus que crucial pour rendre ces événements réellement utiles, en maintenant une pression politique constante et en mettant le changement climatique et la chute de la biodiversité en une le plus souvent possible.
Il faut aussi continuer à créer nos propres dynamiques de lutte sans attendre des solutions qui ne viendront sûrement jamais d’en haut.
[1] https://www.oneplanetsummit.fr/
[2] https://www.oxfamfrance.org/rapports/le-virus-des-inegalites/
[3] https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2021/01/briefing-one-planet-summit.pdf